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RIP Little Richard. Le Noir qui inventa le rock’n roll…


« Lorsque les premières notes de Rock’n’Roll firent leur apparition sur les ondes des radios américaines au cœur des années 50, personne ne voulait croire que cette nouvelle forme d’expression avait, en fait, été inventée par des artistes noirs trop longtemps ignorés. « 

C’est ainsi que commence l’article de Joe Farmer sur le site de RFI.
« Ce qu’Elvis Presley chantait devant des foules ébahies n’était pourtant rien d’autre qu’une adaptation opportune d’un répertoire blues emprunté à des musiciens afro-américains méprisés. Il faudra le courage et la fougue de quelques agitateurs comme l’imprévisible et fantasque Little Richard pour que le regard condescendant de l’Amérique blanche se confronte enfin à une réalité incontestable : la culture noire fut bien la matrice des musiques populaires américaines !

La lutte fut longue et âpre pour imposer un patrimoine dans une société aveugle et sourde aux prouesses artistiques d’une communauté bafouée et souvent bâillonnée. Cependant, la ténacité des premiers bluesmen à faire entendre leur complainte, la constance des jazzmen à faire swinguer leur combat racial et la foi inébranlable des chœurs gospel à croire en une justice équitable ont maintenu la flamme du peuple noir et dessiné les contours d’un paysage sonore multicolore. De Robert Johnson à Chuck Berry, de John Lee Hooker à Bo Diddley, de Mahalia Jackson à Willie Dixon, la ferveur africaine ancestrale a résisté aux assauts intolérants des simples d’esprit.

Il fallait apprendre à se distinguer pour exister face aux exactions racistes d’une population encore très conservatrice. La personnalité de Richard Wayne Penniman dit Little Richard est, à ce titre, fascinante… Né en 1932 à Macon en Géorgie, l’un des Etats ségrégationnistes les plus féroces au XXe siècle, ce formidable «showman» préféra l’outrance et les postures exubérantes pour contrer les quolibets et les injures. Noir, homosexuel, artiste, son statut social fut immédiatement écorné, égratigné, vilipendé. Il parvint cependant à esquiver les coups bas en devenant l’un des plus brillants chanteurs de sa génération. Ses nombreux succès et son jeu de scène flamboyant étaient son paravent et sa meilleure défense.

Joe Farmer / RFI